Dernièrement, on abordait le sujet de la désobéissance civile. Or, parmi le panel d’armes à disposition des contestataires non-violents, il y a le boycott. Tirons le fil, allons voir de quoi il s’agit et quelles sont les campagnes actuelles qui méritent toute notre attention.

Qu’est-ce que c’est ?
Il fait retourné en 1880 pour trouver les origines du terme « boycott ». Des fermiers irlandais cessent de payer leur loyer au régisseur, ce dernier refusant de les baisser pendant la Grande Famine. Vous savez comment s’appelait ce régisseur ? Charles Cunningham Boycott.
Boycott (n. masculin) : Action de boycotter, de refuser d’acheter un produit, de participer à un examen, etc., en particulier, cessation volontaire de toute relation avec un individu, un groupe, un État en signe de représailles.
Définition Larousse
Pour le dire en d’autres termes, le boycott est un refus collectif dont le but est de faire pression sur une cible pour qu’elle réponde à une demande précise. Les motivations d’un boycott peuvent être très diverses : écologiques, éthiques, morales.
Le boycott à travers l’histoire
Le boycott est intimement lié à la désobéissance civile, on le retrouve ainsi dans les mêmes grands mouvements historiques :
En 1920
En Inde, Gandhi appelle au boycott du textile anglais et incite les Indiens à tisser leurs vêtements eux-même. Le mouvement de contestation de Gandhi mènera à l’indépendance de l’Inde.
En 1955
De l’autre côté de la planète, Martin Luther King appelle au boycott de la société de transport de Montgomery suite à l’arrestation de Rosa Park (qui avait refusé de céder sa place de bus à un passager blanc). Un an plus tard, un arrêté met fin à la ségrégation dans les bus.
En 2018
Plus récemment, une campagne de boycott contre la vie chère est lancée au Maroc via les réseaux sociaux. Elle vise notamment l’entreprise Danone, accusée de pratiquer des prix exorbitants et d’être liée aux élites politiques et économiques du pays. Le mouvement est suivi par plus de 40% de la population et le chiffre d’affaires de la filière Danone au Maroc s’effondre, obligeant cette dernière à baisser ses prix.

Ce que l’histoire du boycott raconte, c’est que les citoyens ont du pouvoir, notamment quand ils font masse. En choisissant ce qu’on achète, ou plus ce qu’on n’achète pas, on peut passer de simple consommateur à « consomm’acteur » et faire changer les choses.
« Quand on pense qu’il suffirait que les gens ne les achètent plus pour que ça ne se vende pas ! »
Coluche
Quelques campagnes actuelles
#FévrierSansSupermarché
Il y a deux ans, sous l’impulsion la consomm’actrice Léa Candaux Estevez, En Vert Et Contre Tout lançait le défit écolo-ludique « Février sans supermaché ». L’idée ? Ré-apprendre à s’approvisionner localement, en soutenant les petits commerces indépendants et les producteurs autour de chez soi. Reconduit en 2018, puis 2019, ce défi connait un succès grandissant.
« Le but ? Encourager les commerces indépendants, redécouvrir les épiceries de quartier, soutenir les petits producteurs, favoriser la vente en vrac et le commerce local, repeupler les marchés ou encore réapprendre à n’acheter que l’essentiel. Mais c’est également l’opportunité de faire savoir aux grandes surfaces que nous ne sommes pas d’accord avec le sur-emballage ou leur politique de prix qui écrasent les producteurs. »
Défi : février sans supermarché 2018
L’idée n’étant pas de s’en vouloir tout le mois parce qu’un mardi soir, on sera allé chercher le beurre qu’il manquait pour le gâteau au Carrefour City du coin… Non, l’objectif, c’est plutôt que chacun fasse de son mieux pour essayer d’aller faire ses courses ailleurs qu’au supermarché quand il le peut.
Adieu la lumière blafarde, les dizaines d’aller-retours entre les rayons parce qu’on ne trouve pas ce qu’on cherche, les produits du bout du monde ou la queue interminable parce qu’on a encore choisit la caisse la plus lente. Se passer de supermarchés c’est facile, c’est bon pour le moral, pour les petits commerçants, pour le tissu économique local et pour la planète.
Week-end Zéro Conso
Suite à l’inefficacité des marchés pour le climat, le collectif Boycott Citoyen a constaté que les citoyens français cherchaient des manières simples et efficaces de s’engager. C’est de ce constat qu’est né l’idée d’un « week-end Zéro Conso« .
Le 15 et 16 mars 2019 (en même temps que les mobilisations pour le climat dans toute la France), le week-end Zéro Conso avait déjà réunit plusieurs milliers de citoyens engagés.
« Allons-nous acheter le double pour faire des provisions la veille ou pour compenser le lendemain ? Absolument pas : dès le 17 mars, allons voir nos petits commerçants, les boutiques éthiques, les magasins de vrac et les petits producteurs qui ont fait le pari d’une consommation plus juste. »
Appel au boycott citoyen pour la justice climatique et sociale
Ce week-end, du 19 au 21 avril, c’est reparti pour un tour. L’association nous invite à être des « consommateurs inexistants ». Pourquoi ce week-end en particulier ? Car c’est également la date qu’on choisit des associations telles que Il est encore temps, Greenpeace, Les amis de la Terre ou encore ANV COP21 pour organiser une grande action de désobéissance civile intitulée « Ensemble, bloquons la République des pollueurs !« .

Pour tirer le fil et aller plus loin :
- Une histoire populaire du boycott (plusieurs tomes) – Olivier Esteves
- Au Maroc, face au boycott de ses produits, Danone baisse ses prix – Le Monde
- Février sans supermarché : l’initiative qui gagne la France – Mr. Mondialisation
- Février sans supermarché : « Il faut réapprendre à diversifier les sources d’approvisionnement » – Le Monde
- Climat : une association propose de ne plus consommer pendant deux jours – France Inter
- Interview de Carol Galand, Présidente de Boycott Citoyen – L’info Durable
- « Encourager les producteurs et boycotter les supermarchés » : 65 % des français sont pour – La Relève et La Peste